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Quand les grandes banques vont-elles augmenter leurs taux?

Quand les grandes banques vont-elles augmenter leurs taux

Tout le monde attend que les banques augmentent leurs taux d’épargne considérablement, mais elles ne l’ont pas encore fait, ou du moins pas dans la mesure attendue. Malgré toute cette pression, elles ne l’ont fait qu’au compte-gouttes. Pourquoi? Et à quoi pouvons-nous nous attendre?

Sans aucun doute, vous avez déjà entendu l’appel du monde politique. Les banques commerciales s’enrichissent en dormant. Elles n’accordent à leurs clients que 1% d’intérêts sur leurs comptes d’épargne, tout en percevant elles-mêmes 4% si elles transfèrent cet argent sans risque vers la Banque Centrale Européenne (BCE). Leur marge d’intérêt est donc exorbitante.

En pratique, ce n'est pas aussi simple. Afin de clarifier la situation, nous nous basons sur un schéma fort simplifié. Prenons l'exemple d'une banque commerciale qui a récolté 10 milliards d'euros d'épargnes, accordé 8 milliards d'euros de prêts et placé les 2 milliards d'euros restants auprès de la Banque Centrale Européenne.

Supposons qu’une banque commerciale accorde 1% d’intérêts aux épargnants. Ainsi, ses charges d'intérêts s’élèvent à 100 millions d'euros. En revanche, elle peut par exemple percevoir 2% d'intérêts sur les prêts qu'elle a accordés, soit 160 millions d'euros dans notre exemple. Le reste des 2 milliards lui rapporte par exemple 1,5% d'intérêts, soit 30 millions d'euros. Autrement dit: ses charges s’élèvent à 100 millions d'euros et ses revenus s’élèvent à 190 millions d'euros, soit 90 millions d'euros de bénéfices.

Supposons maintenant que les taux augmentent considérablement et que la banque accorde 2% d’intérêts sur ses épargnes. Ainsi, ses charges d'intérêts sont augmentées jusqu’à 200 millions d'euros. Toutefois, les intérêts sur les 8 milliards d'euros de prêts qu'elle a accordés, ne s’élèvent qu’à 2%, soit 160 millions d'euros. En effet, dans notre pays, la plupart des prêts sont contractés à taux fixe. Une éventuelle augmentation du niveau des taux n’a aucun impact dans ce contexte. Toutefois, le rendement auprès de la BCE est augmenté jusqu’à 2,5%, par exemple. Dans notre exemple, ceci correspond à 50 millions d'euros. Conclusion: face à 200 millions d'euros de charges d'intérêts, la banque dispose de 210 millions d'euros de revenus d'intérêts, ce qui lui permet donc de réaliser 10 millions d'euros de bénéfices.

Supposons que les taux augmentent davantage et que la banque accorde 3% d’intérêts sur ses comptes d’épargne. Dans ce cas, la facture des intérêts s’élève à 300 millions d’euros. Les revenus provenant des prêts sont maintenus à 160 millions d'euros. Et le taux auprès de la BCE est augmenté jusqu'à 4%, par exemple, ce qui rapportera 80 millions d'euros à la banque. Conclusion: face à 300 millions d'euros de charges d'intérêts, la banque ne dispose que de 240 millions d'euros de revenus et subit donc des pertes s’élevant à 60 millions d'euros. 

 

Du retard

Jusqu’à présent, ce sont surtout les banques n’ayant pas accordé de prêts considérables qui ont pu augmenter leurs taux. Elles profitent le plus de la hausse du taux auprès de la BCE. Idem pour les banques qui ont surtout accordé des prêts à taux variable, car leurs revenus augmentent également. C'est d’ailleurs le cas dans la plupart des pays et c'est aussi la raison pour laquelle les taux d'épargne à l'étranger ont déjà été augmentés plus considérablement qu'en Belgique.

Lorsque les banques accordent de nouveaux prêts, elles le font à un taux plus élevé que par le passé, bien entendu. Toutefois, ces nouveaux prêts ne remplacent que progressivement les prêts arrivant à échéance. Il faudra donc un certain temps avant que le taux sur l’ensemble du portefeuille de crédits ne s’adapte à ce taux supérieur.

Toutefois, l'adaptation pour les comptes d'épargne s'effectue immédiatement sur la totalité du montant. En outre, la différence entre les taux que les banques accordent sur leurs comptes d’épargne et le taux qu’elles perçoivent auprès de la BCE, ne constitue pas uniquement des bénéfices. En effet, le gouvernement prélève une contribution sur le montant qui se trouve sur les comptes d'épargne auprès des banques. Il s'agit de la compensation pour la garantie d'Etat qu'il accorde sur les épargnes, pouvant s’élever jusqu'à 100.000 euros par personne et par institution.

Au début du mois de septembre, le gouvernement avait tenté de faire pression sur les banques pour qu'elles augmentent plus rapidement leurs taux, en introduisant sur le marché un bon d'Etat sur 1 an avec un taux net de 2,805%. Toutefois, ceci ne les a pas incités à augmenter leurs taux plus rapidement. Dans le meilleur des cas, elles ont proposé temporairement un compte à terme avec un taux d’intérêt concurrentiel. Dès que la période d’inscription au bon d’Etat était écoulée, ces offres ont également disparu.

Pourquoi ceci n’a pas immédiatement incité les banques à augmenter considérablement leurs taux d’épargne? Parce que le compte d’épargne n’est pas comparable au bon d’Etat ni au compte à terme. Dans le premier cas, les consommateurs peuvent retirer leur argent au quotidien. Dans le second cas, ils ne peuvent pas le faire: leur argent est immédiatement bloqué pour une plus longue période.

En résumé: si tout se passe normalement, les taux des comptes d’épargne seront bel et bien augmentés; ce n’est qu’une question de temps!

Tuyau: Ici, vous trouverez les rendements des comptes d’épargne dans notre pays.

 

 

 

 

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