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La BCE rejette les propositions politiques visant des taux d'épargne supérieurs

La BCE rejette les propositions politiques visant des taux d'épargne supérieurs

La Banque Centrale Européenne rejette les propositions politiques visant à imposer légalement des taux supérieurs sur les livrets d'épargne belges. Elles peuvent avoir des conséquences négatives sur la stabilité financière des banques belges et compromettre leur octroi de crédits. Aux Etats-Unis, une telle intervention du gouvernement avait d’ailleurs mené à une véritable crise bancaire, a écrit la Présidente de la BCE Christine Lagarde dans un avis au ministre des Finances Vincent Van Peteghem.

La critique: les banques s’enrichissent en dormant et ne tiennent pas compte des épargnants. La différence entre les intérêts que les institutions financières paient aux épargnants sur l'argent qu'ils détiennent sur leurs comptes d'épargne et les intérêts qu'elles perçoivent elles-mêmes en accordant des prêts ou en transférant les épargnes collectées à la Banque Centrale Européenne (BCE), est devenue trop grande. La plupart des banques n’accordent toujours pas plus de 1% d’intérêts sur les livrets d'épargne, tandis qu'elles peuvent déjà obtenir le taux de 3,50% auprès de la BCE.

Voilà pourquoi le monde politique veut obliger les banques à accorder plus d'intérêts sur les avoirs d'épargne. Les partis ‘Vooruit’ et ‘Groen’, entre autres, ont proposé d'augmenter le taux minimal légal que les banques doivent accorder sur les livrets d'épargne. Actuellement, il ne s’élève qu’à 0,11% (un taux de base de 0,01% et une éventuelle prime de fidélité de 0,10%).

Par conséquent, le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem, a demandé des conseils à la Banque Nationale de Belgique. Bien qu'elle soit en faveur de taux d'épargne supérieurs, elle a souligné les dangers liés à une augmentation soudaine du taux minimal. Une hausse de 1,5% pourrait immédiatement coûter 4,5 milliards d'euros en plus aux banques, soit 60% de leurs bénéfices. En outre, il existe de nombreuses différences entre les banques et ce ne sont pas nécessairement les banques qui détiennent le plus d'argent sur leurs livrets d'épargne, qui transfèrent le plus d'argent à la BCE. Souvent, elles l’ont utilisé pour accorder des prêts (avantageux) auxquels elles seront encore liées durant plusieurs années.

On a aussi demandé l’avis de la Banque Centrale Européenne. Et celui-ci est également négatif. La BCE constate que les interventions proposées pourraient avoir un impact négatif sur les bénéfices des banques, sur la gestion de leurs risques d'intérêt, sur leur octroi de crédits et, par conséquent, sur leur stabilité financière. Dans ce contexte, il faut noter qu'une intervention dans la tarification des dépôts dans les années 1980 avait contribué à une crise au niveau du système bancaire américain.

Pour un nombre considérable de banques belges, les livrets d'épargne constituent une source importante pour attirer des épargnes. Elles les convertissent en prêts à taux fixe sur une longue durée. Tout comme la Banque Nationale, la BCE précise qu'elles ne pourront pas (immédiatement) répercuter une forte hausse du coût lié aux épargnes attirées sur les intérêts de leurs prêts en cours, ce qui aura un impact sur leurs bénéfices et pourrait même engendrer des pertes. Simultanément, rendre plus chères les épargnes récoltées engendrera de nouveaux prêts plus coûteux, suite à quoi les emprunteurs s’adresseront à des banques (étrangères, par exemple) qui ne sont pas impactées par des taux d'épargne supérieurs.

Par ailleurs, la BCE indique que les banques couvrent leurs risques d’intérêt. Ces dernières années, elles se sont préparées pour faire face à d'éventuelles fluctuations des taux via toutes sortes de techniques. Une augmentation considérable des taux d'épargne pourrait les rendre inefficaces.

La BCE indique également que les bénéfices des banques belges – un rendement moyen sur fonds propres de 9,9% en 2022 - ne sont pas excessifs et que la marge d'intérêt qu'elles prennent, n'est pas anormale. La hausse de ces derniers mois constitue plutôt un retour vers un niveau normal.

Finalement, la BCE indique que 45% des fonds déposés auprès d'elle par les banques belges proviennent d'institutions financières qui ne proposent pas de comptes d'épargne.

 

 

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